Cette phrase, tirée de la séquence liturgique de la fête de Pâques qui est chantée chaque jour de l’Octave de Pâques, est suggestive de ce que nous propose l’Eglise par sa liturgie, pour entrer dans la compréhension et la connaissance de la réalité de la Résurrection, pour aller, nous aussi, à la rencontre du Ressuscité.
Du jour de Pâques jusqu’au Dimanche qui suit, nous entendons les évangiles qui font le récit des événements de la Résurrection. Ce n’est pas la Résurrection elle-même qui est décrite, puisque personne n’en fut témoin. Et la seule trace qu’il en reste, ce sont « les linges posés là », au témoignage de saint Jean. En revanche, nous entendons le récit et le témoignage de ceux qui ont vu et reconnu le Seigneur Jésus ressuscité.
« J’ai vu le sépulcre du Christ vivant, j’ai vu la gloire du Ressuscité. J’ai vu les anges ses témoins, le suaire et les vêtements », répond Marie-Madeleine dans le texte de la séquence. Le point de départ nécessaire pour parvenir à la reconnaissance du Christ ressuscité, c’est de voir le tombeau, et le tombeau vide. « Ne cherchez pas parmi les morts celui qui est vivant », disent les anges à ceux qui viennent au tombeau. Et cette exhortation est vraie pour nous aussi : nous ne cherchons ni un souvenir, ni une idée, ni un fantôme, encore moins un cadavre. Le tombeau est vide ! Les disciples n’espéraient et n’attendaient pas la résurrection du Seigneur - même le Seigneur Jésus la leur avait annoncée - ne comprenant même pas ce que pouvait signifier ce mot. Une chose est sûre, le tombeau est vide.
Tout au long de ces récits, nous entendons leur peine, leur surprise, leur désarroi. Nous les voyons perplexes, incrédules, sceptiques. Ils nous disent ce qu’ils ont vu, ce qu’ils ont entendu. Ils avouent leurs difficultés à le reconnaître, à comprendre ce qui se passe, à croire à la Résurrection. Ils reconnaissent avec humilité le chemin de foi qu’ils ont du prendre, ils expliquent les signes qu’ils ont vus et comment ils ont reconnu le Seigneur. Le témoignage des uns venant conforter ou éclairer celui des autres.
Leur témoignage demeure d’actualité, même si le temps a passé, même si nous ne sommes pas en Terre Sainte, leur témoignage peut nous permettre à chacun de nous aujourd’hui, à notre tour, de prendre conscience que le tombeau est vide, que le Seigneur Ressuscité nous donne les signes qu’il est vivant, ressuscité.
En suivant le récit de leur témoignage, ils nous conduisent à suivre le même chemin de foi, à passer de notre peine et désarroi, de nos perplexités et incrédulités, à la reconnaissance de la présence du Ressuscité. Comme eux, il ne s’agit pas seulement de croire à un événement qui s’est déroulé dans le passé, mais de comprendre que la Résurrection du Seigneur est une réalité qui concerne notre vie et touche notre cœur. Ce n’est pas seulement quelque chose que nous devons croire, mais quelqu’un que nous devons reconnaître, l’expérience de sa présence et de son amour pour nous aujourd’hui, que nous avons à vivre.
J’aime particulièrement le récit de l’apparition de Jésus ressuscité à Marie-Madeleine. Elle le voit avec ses yeux, l’entend avec ses oreilles, et cependant elle ne le reconnaît pas et le prend pour le jardinier. Cependant, lorsque Jésus ressuscité s’adresse à elle en l’appelant par son prénom : « Marie », là, son cœur est touché et le reconnaît, c’est Lui, c’est le Seigneur.
La question évoquée en introduction, qui s’adresse à Marie-Madeleine, dans la liturgie, finalement, c’est la question que toute personne devrait pouvoir poser à un fidèle du Christ : « Dis-nous ! Qu’as-tu vu en chemin ? ».
Abbé Bruno Gerthoux, curé