Avec la rentrée de septembre, après la pause estivale, notre communauté paroissiale va vivre un nouveau départ. C’est l’occasion de faire un état des lieux des richesses et forces, des pauvretés et faiblesses, des espérances et attentes de toute la communauté.
A cet égard, il est nécessaire d’avoir du bon sens et du réalisme. Il ne s’agit ni d’être ni pessimiste, ni optimiste, mais d’être réaliste. Quelle est la réalité de notre communauté paroissiale, de la communauté humaine, sociale, culturelle au cœur de laquelle nous sommes ? En quelques décennies, bien des réalités humaines ont changé et évolué. A chaque période, depuis longtemps, avec l’aide des pasteurs qui ont été envoyés à cette paroisse, la communauté a su s’adapter et évoluer. Pour demeurer fidèle, il faut parfois savoir changer et s’adapter : forts de ce qui a été vécu, résolument tournés vers l’avenir dans l’espérance, attentifs au présent, au réel, aux personnes.
Un nouveau curé est donné et envoyé par l’archevêque à cette communauté paroissiale. Il arrive, riche de ce qu’il est, de son histoire, de son expérience, de sa nouveauté. Je suis sûr que lui aussi a des défauts, mais je suis encore plus sûr qu’il a des qualités. Votre nouveau curé ne ressemblera pas à ceux qui lui auront précédé, ou plus exactement, comme chacun d’eux, il sera unique ! C’est une invitation à l’accueillir avec enthousiasme et générosité. Un pasteur, qu’il soit prêtre ou évêque, n’est pas envoyé à une paroisse pour mettre en œuvre ses idées, pas plus qu’il n’est envoyé pour mettre en œuvre les idées de paroissiens, en revanche, comme pasteur, appelé à connaître ses brebis, il doit en prendre soin, les conduire, les enseigner, les sanctifier ; ensemble, y contribuant chacun selon sa grâce, ils ont à se mettre à l’écoute de ce que « l’Esprit dit aux Eglises ». Il aura besoin de temps pour découvrir et comprendre la communauté, et chacune des personnes qui la constitue.
Un changement comme celui-ci n’est pas anodin, et oblige chacun à des ajustements parce que la communauté n’est pas un organisme, mais qu’elle est constituée de personnes ; parce que le prêtre n’est pas simplement un spécialiste technique ou un vacataire, mais lui aussi est une personne humaine. Pour le prêtre, cela implique beaucoup de changements en peu de temps : lieu de vie, habitudes, confort, personnes, amis, milieu de vie, un monde connu... Pour la communauté, apparemment, cela n’est pas un grand changement, puisqu’une seule figure change, celle du prêtre. Cependant, dit ainsi, ce n’est pas juste. En outre, l’an prochain, votre curé n’aura plus de vicaire pour l’assister dans l’exercice de sa charge pastorale, même si deux diacres demeurent pour le faire selon leur charisme. Cela n’est pas rien, et doit être aussi pris en compte.
Cela doit permettre à chacun de remettre en question ses habitudes, revoir ses attentes, non pour y renoncer, mais pour trouver les chemins et les moyens les plus justes pour y parvenir. C’est une opportunité pour chacun de découvrir à nouveau, avec un regard nouveau ce que nous sommes, les richesses discrètes ou cachées de notre paroisse, pour nous découvrir chacun avec un autre regard, pour faire des connaissances nouvelles.
Ce qui est en jeu ce n’est ni notre confort, ni nos habitudes – même les plus nobles -, encore moins nos certitudes, mais notre fidélité au Christ Jésus, notre Seigneur et notre Dieu. Le curé, pasteur propre d’une paroisse, est envoyé et nommé par l’évêque dont il reçoit sa mission, est serviteur de cette fidélité, et sa propre fidélité y est engagée et y trouve des raisons nouvelles. Malgré l’inconfort des changements, ce qui doit motiver notre enthousiasme, c’est cette perspective d’être renouvelés dans notre foi et notre fidélité au Christ Jésus, comme Marie, se rendant en hâte, visiter sa cousine Elisabeth.
abbé Bruno Gerthoux
curé de Montfavet