Parmi les sept sacrements, celui de l’ordre tient une place originale, parce qu’il comporte trois degrés : évêque, prêtre, diacre. Il ne serait pas juste d’aborder des trois degrés par leurs différences, négativement, simplement en évoquant ce que peuvent faire ou non, les uns et les autres. En effet, nous ne pouvons comprendre ce sacrement de l’ordre qu’en l’envisageant d’abord dans son unité. Or, comme pour tout sacrement, il est un signe visible, perceptible, sensible d’une réalité invisible mais réelle, la grâce de Dieu, que ce sacrement nous communique efficacement.
Dans la multiplicité et la diversité des disciples – des hommes et des femmes qui ont cru en la Parole du Seigneur Jésus, et se sont mis à sa suite – le Seigneur Jésus a choisi douze hommes qu’il a établis et institués comme Apôtres, c’est-à-dire des « envoyés ». Leur mission ? Être avec le Seigneur Jésus et les envoyer prêcher ; ils devaient aller là où le Seigneur Jésus devait aller lui-même, pour préparer sa venue ; et encore, comme nous l’avons entendu au moment de Pâques, ils devaient être « témoins de la Résurrection ». Selon les belles paroles de saint Jean : « ce que nous avons vu, ce que nous avons entendu, nous vous l’annonçons ». Les Douze apôtres sont les douze colonnes sur lesquelles est établi le nouveau Peuple de Dieu, l’Eglise, comme le Peuple d’Israël fut constitué sur les douze patriarches et les douze tribus d’Israël. Après Pentecôte, les Apôtres partent dans le monde entier, pour établir l’Eglise, le nouveau peuple de Dieu, qui reconnaît en Jésus le Messie, le Sauveur, le Christ annoncé par l’Ancien Testament.
Au fur et à mesure que ces communautés naissent, les apôtres désignent et placent à leurs têtes, les épiscopes ou évêques garants de l’apostolicité de la foi chrétienne, c’est-à-dire fondée et établie sur le témoignage des Apôtres. Les évêques sont les successeurs des Apôtres, garants de la foi. Le premier d’entre-eux, le pape, est le successeur de l’Apôtre Pierre, héritier de la mission de celui-ci, d’affermir ses frères dans la foi.
Comme l’atteste la Sainte-Ecriture, pour assister les évêques dans leur mission, très rapidement sont établis les presbytres ou prêtres (les anciens ou les sages), et les diacres (serviteurs). Prêtres et diacres sont des collaborateurs des évêques pour assurer le soin du Peuple de Dieu, par l’annonce de la Parole, la sanctification par les sacrements, la conduite du Peuple de Dieu et le service de la charité.
Les prêtres - à qui est confié le soin des communautés -, comme les évêques, célèbrent le sacrifice eucharistique, dispensent la miséricorde, et apportent le réconfort du sacrement des malades. Etroitement associé au service des évêques, ils en sont les collaborateurs, comme le rappellent le Concile Vatican II. Il leur revient, comme pasteurs, de prendre soin du Peuple de Dieu, par l’annonce de la Parole, la célébration des sacrements, et la conduite de ce Peuple en pèlerinage sur la terre.
En outre, parce qu’il n’y pas de plus grand amour que de donner sa vie à ceux qu’on aime, que c’est à l’amour que nous aurons les uns les autres que nous serons reconnus comme les disciples du Seigneur, et que tout ce que nous ferons aux plus petits, c’est au Seigneur lui-même que nous le ferons, les diacres, eux, sont ordonnés pour le service de la charité. Les diacres sont témoins qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime, témoins que le Seigneur n’est pas venu pour être servi, mais pour servir. Bien sûr, cela se réalise concrètement comme pour les premiers diacres par le service des « tables », mais ce service se manifeste aussi, dans celui que le diacre accomplit dans la Sainte Liturgie.
Les évêques, successeurs des Apôtres, assistés des prêtres et diacres, sont ensemble, le signe visible et efficace de la présence du Bon Pasteur, le Christ Jésus, qui continue à prendre soin de son Peuple « moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin des temps ». Si les évêques sont les successeurs des Apôtres, c’est indissociablement avec les prêtres et les diacres qu’ils peuvent l’être, et qu’ils sont le sacrement du Christ Bon Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis, par sa Parole et les sacrements.
abbé Bruno Gerthoux, curé de Montfavet