Cette semaine sera marquée par la mi-carême, et les semaines vont se dérouler plus rapidement, marquées par le IVe dimanche de Carême, ce dimanche en rose où nous pouvons refleurir l’autel et laisser les instruments jouer, le Dimanche de la Passion et les images couvertes, les Rameaux et la Semaine-Sainte. Il est sans doute opportun de faire un point d’étape : d’où sommes-nous partis ? Quels moyens avons-nous pris ? Où voulons-nous aller, quel est le but de notre chemin ?
Le carême peut assez facilement passer inaperçu dans nos vies et notre quotidien, surtout si nous avons perdu de vue le but, la finalité de notre chemin de Carême. Pour éviter cela, tout au long de ces semaines, chaque jeudi, par la prédication de Carême, nous voulons essayer de nourrir notre espérance pour affermir notre cheminement, notre pèlerinage, rappeler Celui qui en est l’Alpha et l’Omega, le début et la fin.
Bien sûr, la conversion des cœurs est l’essentiel : une conversion qui nous permet de mettre de côté ce qui est périssable et passage, pour nous attacher toujours plus fermement à ce qui dure, qui est éternel, au Christ Jésus, notre Dieu et Sauveur. Toutefois, nous ne pouvons prétendre aux réalités spirituelles les plus hautes, sans les enraciner aussi dans notre humanité, ses grandeurs et ses faiblesses. Saint Jean l’explique à sa manière : « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas » (1 Jn 4, 20).
En pratique, concrètement, qu’est-ce qui a changé dans notre quotidien pendant ce carême ? Nos habitudes alimentaires sont peut-être restées les mêmes ; les dîners, sorties et invitations n’ont pas diminué. Nos activités sont-elles restées les mêmes, qu’elles soient professionnelles, familiales ou de loisir ? Le temps et les moyens que nous consacrons à la lecture spirituelle, à la prière se sont-ils adaptés à la faveur du temps que nous avons libéré ? Tout cela, bien sûr, ne suffit pas à la conversion du cœur, toutefois, ce sont des indices qui peuvent nous aider à voir si la terre est travaillée pour y semer le bon grain.
Il n’est pas trop tard pour s’y mettre, et prendre les moyens, quand bien même serions-nous les ouvriers de la dernière heure, il plait au Maître de donner autant aux premiers comme aux derniers.
Abbé Bruno Gerthoux, curé