Nos trésors cachés

10 juin 2023

Dimanche 11 juin 2023
Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ

Le Seigneur exprime son admiration pour l’offrande qu’une pauvre veuve fit au Temple : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. » (cf. Mc 12, 38-44).

Le superflu évoqué par le Seigneur, est celui des riches, mais il ne s’agit pas seulement de leur argent et des grosses sommes qu’ils déposent dans le trésor. Ce superflu est aussi celui des scribes vis-à-vis desquels le Seigneur invite à la méfiance : ils savent tout, mieux que les autres ; ont tout vu et tout compris, ils n’ont rien à apprendre de qui que ce soit ; persuadés de leur valeur, compétence et pouvoir, ils n’ont besoin de personne. Pour ce dernier point, ce n’est pas tout à fait juste, ils ont besoin de spectateurs, de flatteurs, d’admirateurs. Par ailleurs, ils ont une certitude : ils se pensent nécessaires, indispensables et incontournables. Il est là le superflu qu’ils donnent en offrande.

La veuve, en offrant le peu qu’elle a, donne tout, et se donne elle-même. Aux yeux du monde, cette veuve ne représente pas grand-chose et compte peu, elle passe même sans doute inaperçu. J’imagine qu’elle le sait, sans que cela puisse avoir quelque importance, ni troubler son quotidien. Elle doit comprendre que son offrande - ses « deux petites pièces de monnaie » - ne tient pas la comparaison avec les grosses sommes versées par ailleurs. Toutefois, j’aime sa confiance pleine de foi qui ne se laisse pas abattre par le regard du monde ; j’aime son audace humble et simple, qui lui donne de surmonter les obstacles ; j’aime sa conviction aimante et généreuse, qui donne toute la valeur de son offrande. La richesse de cette femme est sa pauvreté.

Elle me rappelle un peu sainte Claire et ses premières compagnes qui ont trouvé la richesse du don de Dieu, en unissant leurs pauvretés. A leur suite, c’est aussi cette richesse là que nous devons chercher dans notre vie chrétienne, ce trésor caché que dévoilent nos pauvretés, à la lumière de la grâce de l’Amour et de la Miséricorde de Dieu. Il ne s’agit pas de s’affliger ou de misérabilisme, mais d’être attentif aux dons que Dieu nous fait, notamment par nos frères les plus humbles et modestes.

 

Abbé Bruno Gerthoux, curé