Il m’est arrivé d’entendre dire qu’il faudrait actualiser l’Evangile, écrire un texte nouveau, avec un langage, des références, des histoires actuelles, comme on réécrirait une histoire, un conte, un roman. C’est méconnaître l’Evangile !
Saint Luc, en introduction de son Evangile, écrit « beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, d’après ce que nous ont transmis ceux qui, dès le commencement, furent témoins oculaires et serviteurs de la Parole. C’est pourquoi j’ai décidé, moi aussi, après avoir recueilli avec précision des informations concernant tout ce qui s’est passé depuis le début, d’écrire pour toi, excellent Théophile, un exposé suivi, afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as entendus. » (cf. Luc 1, 1-4). Les Evangiles sont en effet des témoignages – non pas de simples chroniques d’événements – de ceux qui ont vu, qui ont entendu, qui ont mis leur foi en Jésus. Ces témoignages uniques et précieux sont irremplaçables. La finalité de ces témoignages, par leur cohérence, et leur convergence, est d’affermir, de rendre fort tout fidèle du Christ dans la foi. Saint Luc s’adresse à Théophile, littéralement en grec, Celui-qui-aime-Dieu ! tout un programme ! L’histoire ou le roman, informent ou divertissent ; le témoignage conduit à voir et être témoins oculaires à notre tour de l’œuvre d’amour de Dieu, et par suite, être serviteurs, nous aussi, de la Parole dans notre vie.
L’apôtre saint Jean conclue lui son évangile par ces mots « Il y a encore beaucoup d’autres choses que Jésus a faites ; et s’il fallait écrire chacune d’elles, je pense que le monde entier ne suffirait pas pour contenir les livres que l’on écrirait » (cf. Jn 21, 25). Il ne fait, en conclusion de son évangile, que confirmer ce que proclame saint Luc en introduction du sien ! Le témoignage de la foi continue à vivre, parce que Dieu est à l’œuvre aujourd’hui, et chacun de nous doit être ce livre ouvert, cet Evangile vivant, où se manifeste la grâce de Dieu aux yeux de tous, où nous manifestons et affirmons que nous sommes serviteurs de la Parole.
Cet évangile vivant qui contient le récit de ceux qui ont été témoins oculaires et serviteurs de la Parole est particulièrement manifeste dans la vie des saints. Souvent, en effet, à travers les évènements qu’ils ont vécus, les épreuves traversées, les miracles et signes dont ils ont été les serviteurs, semble exhaler un doux parfum d’Evangile. C’est le même qui autrefois, avec les Apôtres et disciples œuvrait, par la Parole et les actes, qui œuvre aujourd’hui encore dans la vie des saints, par sa Parole et par Sa Grâce. Après une confession au saint curé d’Ars, saint Jean-Marie Vianney, un homme déclara : « Je croyais aller voir un homme de Dieu, mais j’ai vu Dieu dans un homme ! ». En quelques mots, tout est dit.
Il est à notre à notre hauteur, à notre mesure, à notre portée d’être témoins oculaires de l’œuvre de la grâce, et par suite de nous faire serviteurs de la Parole dans nos vies, par ce que nous sommes et ce que nous faisons, afin, à notre tour, d’affermir nos frères dans la foi, afin que chacun se rende bien compte de la solidité des enseignements qu’il a entendus.
Abbé Bruno Gerthoux, curé