Les Evangiles évoquent bien des fois le fait que Notre Seigneur Jésus Christ a enseigné longuement les foules rassemblées ; combien celles-ci étaient frappées par son enseignement ; à quel point ses paroles et son enseignement pouvaient avoir de poids et de conséquences dans la vie du peuple et des croyants. Or il ne reste pratiquement aucune – ou peu - trace du contenu de cet enseignement : ni plan, ni résumé, au mieux des morceaux choisis ! Toutefois demeurent les fruits de cet enseignement, les signes réalisés, l’attitude et la foi des croyants. En outre, l’enseignement de Notre Seigneur ne se limite pas aux paroles qu’il a dites et prononcées, mais à toute sa vie, puisque, selon les paroles de l’épître aux Hébreux, « en ces temps qui sont les derniers, Il nous a parlé par son Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses » (Hx 1,2).
Dans la vie de l’Eglise, « Comme le peuple de Dieu est d’abord rassemblé par la parole du Dieu vivant qu’il est tout à fait juste d’attendre de la bouche des prêtres, les ministres sacrés, dont un de leurs principaux devoirs est d’annoncer à tous l’Évangile de Dieu, auront en haute estime la charge de la prédication. » Ce canon 762 rappelle et souligne un point important de la vie de l’Eglise, et de la place, du devoir et de la mission des ministres sacrés. Certes, ils n’ont pas seuls cette responsabilité, qui est celle qui s’impose à tout baptisé, par la grâce de son baptême, mais elle revient aux ministres sacrés, à un titre nouveau, par la grâce de leur ordination qui les associe à la mission du Christ Bon-Pasteur qui prend soin de son peuple, l’enseigne, le conduit et le sanctifie. Les ministres sacrés n’ont pas le monopole de la prédication, c’est-à-dire de l’annonce de l’Evangile de Dieu, en revanche, cette annonce fait partie de ce qu’ils sont et de leur mission d’évêques, prêtres et diacres.
L’homélie, qui est la prédication de la Parole au cours de la célébration liturgique prend une place singulière, même si toute la prédication ne se réduit pas à l’homélie. L’homélie, étymologiquement un entretien familier, est le moyen privilégié pour les pasteurs d’enseigner, conduire et sanctifier le Peuple de Dieu. A la fois, par l’homélie, le pasteur prend soin de son peuple et le façonne, et à la fois, par l’homélie, le cœur du pasteur est façonné. Les compétences intellectuelles, les connaissances techniques et théologiques ne sont bien sûr pas exclues, mais l’homélie ne se limite pas à cela, ce serait trop peu. Des parents peuvent apprendre beaucoup à leurs enfants, sans avoir fait d’études, sans remplacer la nécessité d’en faire, et même en conduisant à cette nécessité.
Ce qui est visé, dans l’homélie, ce n’est pas d’abord la perfection du savoir et de la connaissance, mais la sainteté de la vie et du cœur qui unit la perfection de la connaissance, du cœur et de la volonté, aussi bien de celui qui parle que de celui qui écoute. C’est bien ce fruit-là qui demeure dans les passages de l’Evangile où est évoqué l’enseignement du Seigneur Jésus, non pas les mots qu’il a prononcés, mais ce qu’il a réalisé dans les cœurs.
Abbé Bruno Gerthoux, curé