Guérison des cœurs et des corps
Dans la vie d’un baptisé, sept sacrements permettent d’accueillir la grâce que Dieu donne. Lorsque Dieu donne sa grâce, ce qui est donné par la grâce, à notre mesure, selon ce que nous pouvons comprendre, recevoir et accueillir, c’est Lui-même. La grâce, c’est en effet Dieu qui se donne totalement et pleinement, mais à la mesure de ce que chacun peut accueillir.
Le sacrement est un signe, c’est-à-dire qu’il est visible, et ce signe est efficace de la grâce invisible, c’est-à-dire qu’il réalise ce qu’il signifie. Ce qui est invisible, c’est-à-dire qui n’est pas perçu par les sens, n’est pas inexistant. Et cependant, par les signes du sacrement, cette réalité invisible, mais réelle, est mise à notre portée, afin que, percevant les signes sensibles, nous puissions accueillir la grâce invisible. Les sacrements ne sont pas choisis arbitrairement, mais chacun plonge ses racines dans la Révélation et l’Histoire du Salut, à travers l’Histoire Sainte du Peuple de Dieu ; chacun, d’une manière ou d’une autre, directe ou indirecte, a été institué par Notre-Seigneur Jésus-Christ, comme un instrument du Salut et de la Grâce ; enfin, la vie et la prière de la première communauté chrétienne a montré que ces sacrements, même s’ils n’en avaient pas encore le nom, ont été vécus et reçus comme tels.
Trois sacrements font le chrétien, par le baptême qui le fait entrer dans la vie chrétienne, par la confirmation qui lui donne la force de l’Esprit-Saint pour vivre et témoigner de la foi, par l’eucharistie qui nourrit et entretient la vie de grâce et de Salut. Deux sacrements sont au service de la vie et de la mission de l’Eglise : l’ordination qui fait les évêques, prêtres et diacres, poursuivant la mission du bon pasteur, qui prend soin et conduit le Peuple de Dieu ; le mariage qui manifeste et témoigne de l’Amour de Dieu pour son Eglise. Enfin, deux sacrements ont pour finalité la guérison des cœurs et des corps : la réconciliation et le sacrement des malade.
A l’approche de la fête de saint Ruf - le 14 novembre prochain - que la tradition populaire avait reconnu pour l’un des fils de Simon de Cyrène, et qualifié dans un martyrologe local du XIe siècle, de « confesseur illustre par ses multiples vertus », nous vous proposons la célébration communautaire du sacrement des malades le dimanche 12 novembre, au cours de la célébration dominicale.
« L’un de vous est malade ? Qu’il appelle les Anciens en fonction dans l’Église : ils prieront sur lui après lui avoir fait une onction d’huile au nom du Seigneur. Cette prière inspirée par la foi sauvera le malade : le Seigneur le relèvera et, s’il a commis des péchés, il recevra le pardon. » (Epître de S. Jacques 5, 14-15). Traditionnellement, ce sacrement est reçu chaque fois que l’intégrité physique d’une personne, et donc sa vie, peuvent être en danger. Evidemment, des maladies physiques ou des accidents, mettent clairement en danger l’intégrité physique d’une personne. L’âge avançant, mais aussi des maladies plus sournoises, affectant l’équilibre affectif et psychique, peuvent aussi mettre en danger une personne ou simplement la fragiliser.
En clair, il ne faut pas attendre d’être mourant pour recevoir ce sacrement, parce qu’il ne s’agit pas d’un sacrement pour mourir, mais pour guérir et vivre. Dans ce sacrement, c’est une grâce de compassion qui nous est donnée, le Seigneur est auprès de nous, pour vivre et porter notre souffrance, comme le fit Simon de Cyrène, et son cœur fut converti. La présence du Seigneur auprès de nous dans notre épreuve, nous apporte un réconfort et une force : « Cette assistance du Seigneur par la force de son Esprit veut conduire le malade à la guérison de l’âme, mais aussi à celle du corps, si telle est la volonté de Dieu » (cf. Catéchisme de l’Eglise Catholique § 1520).
Ce qui est recherché d’abord, dans ce sacrement, c’est une guérison du cœur, et cependant – et les témoignages sont nombreux -, ce sacrement peut apporter aussi, mais pas systématiquement, une guérison physique. Le même catéchisme précise les fruits du sacrement : « l’union du malade à la passion du Christ, pour son bien et pour celui de toute l’Église ; le réconfort, la paix et le courage pour supporter chrétiennement les souffrances de la maladie ou de la vieillesse ; le pardon des péchés si le malade n’a pas pu l’obtenir par le sacrement de la Pénitence ; le rétablissement de la santé, si cela convient au salut spirituel ; la préparation au passage à la vie éternelle » (§ 1532).
Abbé Bruno Gerthoux, curé