Dieu est amour

17 juin 2023

Cette affirmation est formulée avec simplicité par saint Jean en sa première épître, dont nous avons entendu un passage pour la solennité du Sacré-Cœur (cf. 1 Jn 4-16). Il s’agit de l’une des rares définitions de Dieu dans la Sainte-Ecriture. En peu de mots, tout est dit, certes, mais tout reste à découvrir, à comprendre, certes, mais aussi à vivre.

 Parce que Dieu est amour, si nous le voulons connaître, en esprit et en vérité, c’est en aimant que nous y parviendrons. Aimer ne réclame ni compétence, ni moyens, c’est à la portée de chacun, quelque soit sa situation. L’enfant dans le sein de sa mère dès le premier instant ; le malade alité, inconscient et agonisant ; du premier au dernier instant de sa vie, l’être humain est capable d’aimer, à sa mesure, selon ses moyens, son âge. C’est dire aussi, qu’en aimant, chacun est déjà capable d’entrevoir, de percevoir est comprendre Dieu qui est amour : « celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu. »

 Saint Jean ajoute encore « Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu ». Cette exhortation est inspirée par l’amour de Dieu qui conduit à l’amour des frères. Elle nous fait comprendre qu’en cherchant et recevant l’amour de Dieu, nous ne pouvons qu’être poussés, par suite, à vivre et transmettre cet amour. « La charité du Christ nous presse  » (cf. 2 Co 5, 14) insiste saint Paul !

 Saint Mathieu rapporte ces paroles du Seigneur «  Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. » (Mt 11, 25-30). Nous pourrions avoir l’audace et la prétention de nous croire des sages et des savants en ce qui concerne l’amour, surtout pour savoir ce que devraient faire les autres. Il est tellement facile de trouver ou d’imposer des recettes à vues humaines, presque mondaines. Or, en l’espèce, plus qu’en toute autre réalité, nous devons être des tout-petits, qui n’ont rien, ont besoin de tout, des autres, qui espèrent et attendent avec confiance et enthousiasme.

 Cela doit nous conduire à la source de cet Amour, tel que Dieu veut nous le donner, en particulier et tout spécialement dans la célébration du sacrement de l’Eucharistie, parce qu’« il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (cf. Jn 15, 13). Là se manifeste à notre portée de nos yeux, et se donne à nos cœurs l’amour de ce cœur qui a tant aimé les hommes ; là, nous sommes aimés, nous sommes nourris par cet amour, nous recevons et vivons cet amour ; là, notre propre cœur est affermi, nourri, enrichi pour à son tour aimer, avec l’amour même qui vient de Dieu, avec l’amour même qui est Dieu.

En classant ses archives, je retrouvai ces quelques mots du chanoine Henri Georges, griffonnés sur un papier : «  Il m’a aimé. Il m’aime si je m’efforce de plaire à tout le monde, à lui surtout. Plaire à tous, excepté à Lui, non ! ». C’est par Lui, avec Lui et en Lui, que se découvre, se vit, se transmets l’amour véritable.

 

Abbé Bruno Gerthoux, curé