Le Temple de Jérusalem, après que le Peuple élu est entré en possession de la Terre Promise, a succédé à la Tente de la Rencontre des quarante années de pérégrination du Peuple de Dieu au désert. C’est de ce Temple que notre Seigneur, saisi d’une sainte colère, chassa les vendeurs qui s’y étaient établis, leur reprochant d’en avoir fait « une caverne de bandits » (Luc 19, 45-48).
Le Temple, comme la Tente de la Rencontre, est le lieu de la présence de Dieu. Non seulement, il signifie cette présence, mais il la montre, la désigne : « Il est là ». Il est là, au milieu de son Peuple, le conduisant, le nourrissant et l’enseignant au Désert. Il est là encore dans le Temple de pierre édifié à Jérusalem, où convergent par amour les pèlerins, hommes et femmes de foi, désireux de cette rencontre et pleins d’espérance en sa grâce, attentifs à ses enseignements. Les marchands qui se sont établis là, l’ont fait bien sûr d’abord, pour gagner leur vie, mais aussi pour permettre aux fidèles de faire leurs offrandes, cadeaux et sacrifices. Et cependant, peu à peu, ces marchands ont perdu le sens de ce qu’ils faisaient, et plutôt que de servir la piété des fidèles et la gloire de Dieu, ils s’en sont servi pour leur propre intérêt, à leur propre gloire. Ce faisant, ils ont profané ce sanctuaire, ce lieu saint.
Certes, le Temple de Jérusalem a été détruit en l’an 70, toutefois, saint Paul, s’adressant aux Corinthiens, l’affirme « Si quelqu’un détruit le sanctuaire de Dieu, cet homme, Dieu le détruira, car le sanctuaire de Dieu est saint, et ce sanctuaire, c’est vous. » (1Co 3, 17). En effet, par le baptême, nous sommes devenus le Temple de Dieu, ce lieu où Il demeure, où nous pouvons le rencontrer et l’aimer, et « Il [est] chaque jour dans le Temple pour enseigner » (Luc 19, 45-48). Il nous appartient à chacun de ne pas laisser ce temple que nous sommes devenir une caverne de brigands, c’est-à-dire d’être détourné de sa finalité qui est la vie avec Dieu, d’être profané par des réalités qui l’éloignent de sa vocation sainte. Il nous revient, comme « le peuple tout entier », d’être suspendu à ses lèvres et de l’écouter (cf. Luc 19, 48). Sa Parole est celle que nous entendons avec nos oreilles et qui touche notre cœur, elle est celle qui, faite chair dans le sacrement de l’Eucharistie, devient la nourriture de Salut et de grâce de notre vie.
Abbé Bruno Gerthoux, curé