C’est le Seigneur !
Cette exclamation de l’apôtre saint Jean, le disciple bien-aimé, surgissant de manière inattendue, résonne comme une profession de foi enthousiaste, exprimant un débordement de joie (cf. Jn 21,1-14).
Cette exclamation de l’apôtre saint Jean, le disciple bien-aimé, surgissant de manière inattendue, résonne comme une profession de foi enthousiaste, exprimant un débordement de joie (cf. Jn 21,1-14).
C’est le Seigneur ! Revenus bredouilles d’une nuit de pêche, les disciples, depuis leur barque, discutent avec un homme qui est sur la plage. Ils ne doivent pas être bien loin de lui – une centaine de mètres précise l’Evangile -, certes c’est le matin, mais ils le voient, ils l’entendent, ils discutent avec lui, il leur demande à manger. Puisqu’ils n’ont rien pris, l’inconnu les encourage à jeter à nouveau leurs filets. Sans plus réfléchir, ils font ce que leur conseille l’inconnu. Or, ils prennent des poissons, tellement qu’ils ont du mal à tirer les filets.
C’est le Seigneur ! Certes, mais ils ne le savaient pas : « Jésus se tenait sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était lui ». Comme Marie-Madeleine, comme les disciples d’Emmaüs, ils le voient, ils discutent avec lui et entendent sa voix, et cependant aucun d’eux ne le reconnaît.
C’est le Seigneur ! Jean, le disciple bien-aimé, le reconnaît. C’est leur métier
d’être pécheurs, ils connaissent le travail et les techniques, ils savent faire. Ce n’est
pas un miracle de prendre des poissons ! En revanche, au cœur de leur activité
habituelle, dépassant leurs ressources ordinaires, surmontant leurs échecs, un signe se
manifeste. Jean reconnaît Jésus à sa façon de faire, à sa façon d’agir. Dans cet
événement, il reconnaît sa façon de faire, pas de doute, il en est convaincu, c’est lui,
c’est le Seigneur ! Sa conviction est telle, et exprimée de telle manière, que Pierre,
aussitôt, je jette à l’eau pour rejoindre le rivage.
C’est le Seigneur ! Ils sont désormais tous sur le rivage auprès de lui, or « aucun
des disciples n’osait lui demander : « Qui es-tu ? » Ils savaient que c’était le
Seigneur ». La conviction de Jean est celle de chacun des disciples.
C’est le Seigneur ! « Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne ». Nous ne sommes ni en Terre-Sainte, ni dans la barque, ni sur la plage, en revanche, aujourd’hui, encore et toujours, le Seigneur Jésus s’approche, prend le pain et nous le donne. Il nous appartient à chacun désormais, nous aussi de reconnaître le Seigneur,dans sa façon de faire par la grâce, plus que dans les apparences ; par ce qu’Il dit dans sa Parole qui touche nos cœurs, plutôt que par sa voix qui résonnerait à nos oreilles.
C’est le Seigneur ! Cet acte de foi enthousiaste et joyeux peut résonner au cœur
de nos vies, en particulier dans la célébration du sacrifice eucharistique et du
sacrement de la réconciliation. Sans doute, n’oserons-nous pas lui demander « qui es-
tu ? » parce que nous saurons que c’est le Seigneur. Fort du témoignage des apôtres, il
nous est donné de vivre cette rencontre avec le Seigneur Jésus ressuscité, nous ne
voyons et n’entendons ni plus ni moins qu’eux, et comme eux, nous pouvons
reconnaître et proclamer dans la foi : C’est le Seigneur !
Abbé Bruno Gerthoux, curé